Europe, lune glacée de Jupiter, photographiée au plus près par une sonde spatiale
Europe, aimée par Zeus dans les mythes grecs est le nom de l’une des 79 lunes connues qui gravitent autour de Jupiter, plus grande planète du Système solaire et véritable maître du ciel en ce début d’automne puisque son éclat n’a pas d’équivalent la nuit tout au long de la nuit (à part la Lune). Pourquoi ? Parce que la géante gazeuse est au plus près de la Terre.
Si vous possédez un instrument ou même une paire de jumelles, vous n’aurez aucun mal à distinguer la planète et ses quatre satellites galiléens, c’est-dire les quatre plus grandes lunes que Galilée eut la surprise de découvrir il y a a plus de 400 ans. Elles se nomment Io, Europe, Ganymède et Callisto. Toutes et tous furent des maîtresses de Zeus.
Europe est donc l’une d’elles, la deuxième plus proche de Jupiter. D’un diamètre légèrement inférieur à celui de la Lune, le satellite est le sixième plus grand du Système solaire. C’est un monde très prometteur, comme l’ont montré les observations rapprochées par des sondes spatiales. Un monde fascinant et considéré comme l’un des plus potentiellement habitables connu à ce jour.
Sous son épaisse écorce de glace, tout indique en effet qu’Europe cache un océan global, un océan d’eau salée avec les ingrédients nécessaires à la vie. Il y a même plus d’eau sur cette lune que sur la Terre. Les astronomes, les astrobiologistes et les astrochimistes en tête sont évidemment très intéressés par ce monde dont ils cherchent à percer tous les secrets. Y a-t-il des êtres vivants sous la glace protectrice ? Des poissons ? Du plancton ? Des créatures bioluminescences aux formes étranges comme celles que l’on croise dans les abysses sur Terre ? Il est impossible pour le moment de le déterminer, mais une sonde spatiale nommée Europa Clipper va décoller en 2024 pour aller voir de très près Europe, à partir de 2030, et ainsi répondre à certaines questions.
La lune Europe frôlée par la sonde Juno
En attendant qu’elle nous dévoile des détails de sa surface, fractures, fissures, cratères et gouffres qui s’enfoncent jusqu’à des lacs qui pourraient être emprisonnés entre l’océan et l’espace, une sonde, qui est déjà sur place, Juno (dédiée à Jupiter), vient de faire un survol très très rapproché de la lune glacée ce 29 septembre. Le vaisseau de la Nasa l’a frôlé jusqu’à 352 kilomètres au-dessus de sa banquise craquelée et pleine de plis. Pas une sonde n’était passée aussi près du satellite galiléen depuis 22 ans, et ce n’est que la troisième a passer à moins de 500 kilomètres de cette lune mystérieuse.
Les images ci-dessus et ci-dessous ont été traitées par des « citoyens scientifiques » passionnés comme Judy Schmidt, Kevin M. Gill, Gerald Eichstädt ou Jason Major. On ne voit pas bien sûr l’océan à travers la glace, celle-ci étant bien trop épaisse (peut-être une vingtaine de kilomètres), mais on se régale avec tous les détails révélés avec la Junocam de la sonde spatiale, dont la résolution est inégalée jusqu’ici pour des observations d’Europe : un kilomètre par pixel. Le satellite de Jupiter a sa banquise couverte de blessures, soit des fractures qui trahissent un monde sous pression, soit des marques — des cratères — crées par des météorites, ou soit des crevasses par où s’échappent de l’eau issue des profondeurs.
Il y a beaucoup de choses à lire dans ces paysages capturés par Juno et que les chercheurs vont avoir plaisir à déchiffrer.