Hubble nous dévoile une image splendide d'une nébuleuse où naissent des étoiles pour ses 33 ans
Hubble nous emmène dans une nébuleuse sombre transpercée de nouvelles étoiles pour son 33e anniversaire.
Il y a 33 ans déjà, le télescope spatial Hubble quittait la Terre pour être placé en orbite à quelque 400 kilomètres d’altitude. Il en a vu des choses au cours de ces trois décennies, de temps en temps interrompu pour des réparations ou des mises à jour qui ont augmenté et affiné son pouvoir visuel. Il nous a aidés à explorer divers objets comme les planètes dans notre voisinage, à quelques dizaines ou centaines de millions de kilomètres, puis à plusieurs milliards avec les géantes gazeuses, et débusquant aussi de petits corps célestes comme des astéroïdes, des comètes et même des planètes naines que l’on n’imaginait pas encore vraiment quand il était encore sur la table à dessin — Pluton était la neuvième planète du Système solaire en ce temps-là, lorsque Hubble était lancé, avant d’être reclassé en planète naine en 2006.
Hubble a aussi traqué des objets plus lointains, dans notre voisinage galactique : des nébuleuses des plus iconiques au plus sombres et cachées, ainsi que des restes d’étoiles, des amas de jeunes étoiles ou de plus vieilles, sans oublier les exoplanètes. Il faut songer qu’à ses débuts, les astronomes concevaient qu’elles puissent exister, mais personne n’en avait encore vu. À partir de 1995, un nouveau un champ d’investigation s’est ouvert avec la découverte Pegasi 51 b. Et depuis, nous connaissons plus de 5 000 planètes gravitant autour d’autres soleils, et des milliers d’autres attendent leur validation. Ce n’est qu’une toute petite partie, car elles sont des dizaines de milliards qui n’ont pas encore été observées, accompagnant leurs étoiles partout dans la Galaxie.
Au-delà de la Voie lactée, les autres cibles du télescope spatial sont bien connues aussi : il y a des galaxies à perte de vue, proches, et jusqu’aux confins de l’Univers, à des milliards d’années-lumière, au sein de « champs profonds », parmi lesquelles, enfouies, lointaines, de jeunes galaxies qui nous font remonter le temps jusqu’à quelques centaines de millions d’années seulement après le Big Bang.
Hubble a ainsi produit en 33 ans des milliers d’images sollicitées par les scientifiques, et contribué de fait à d’innombrables avancées scientifiques, à travers des études et publications, ouvrant plus grand notre regard sur le cosmos et en percer ses mystères. L’aventure est loin d’être terminée, et Hubble va continuer ses observations et ses recherches, au moins jusqu’en 2030, toujours sur les traces de l’énergie noire et de l’insaisissable matière noire. Les astronomes ont toujours besoin de lui pour repousser plus loin les limites de nos connaissances et dissiper l’obscurité qui nous entoure.
Un nuage sombre où naissent des étoiles
L’obscurité justement, et aussi la lumière en train de naître, de jaillir, sont au cœur de sa nouvelle cible choisie pour l’image anniversaire de ses 33 ans dans l’espace. C’est un nuage de création, un « chaudron » comme le désigne la NASA et l'ESA, où des gaz se mélangent sous la houlette de la gravité, se condensent et donnent naissance à des étoiles. C’est là, dans un nuage comme NGC 1333, très froid, obscur et opaque, à l’intérieur que, doucement, lentement de la matière s’accumule, et que des étoiles s’allument. Certaines ont déjà bien grandi, bien qu’encore des bébés, et crient de toutes leurs forces, hurlent, au point d’en percer les nuages qui l’ont fait naître. Elles font même plus que cela, car leurs cris déchirent et chahutent le gaz, le sculptent et influencent les régions alentour, bousculent les nuages, les défont et les refont. Ce que nous voyons nous ouvre une fenêtre sur des mondes en devenir, des graines de gravité jaillissent des sphères qui se réchauffent. Partout dans les plis de ce paysage opaque dont on n’aperçoit que quelques éclats de lumière. Les autres sont tapies, à l’abri de nos regards, enfouis dans ce terreau noir et froid, et prennent leur élan vers la lumière. Une œuvre lente pour nous, qui dure des dizaines de millions d’années. Et dans leurs seins, leur orbe encore fragile, des planètes sont en train d’émerger, de grandir. C’est ce qui s’est passé pour notre Soleil il y a 4,6 milliards d’années, c’est ce qui commence à peine dans cette nébuleuse située près de nous, à seulement 960 années-lumière, dans le vaste nuage moléculaire de Persée.
Source : NASA, ESA