La constellation du Vieil Homme des Tupi
Une constellation méconnue dans le ciel austral.
Pour l’APOD de ce 12 janvier 2021, la NASA a eu la bonne idée de mettre à l’honneur une représentation du ciel des Tupi, peuple de l’actuel Brésil. Une entreprise rare et si peu répandue par ailleurs, qu’on ne peut que saluer. On a en effet trop pris l’habitude d’assimiler les constellations héritées des Grecs dans l’hémisphère nord avec celles, conçues par les voyageurs occidentaux en ce qui concerne le ciel austral — homologuées au début du XXe siècle par l’Union astronomique mondiale (UAI) —, sans veiller sur celles des autres cultures, dont on n’a plus, hélas, que des connaissances parcellaires. Des trésors précieux et immenses transmis par toutes celles et ceux qui nous ont précédés depuis des millénaires et qu’il nous fait conserver. Tout cela fait partie de l’humanité, de ce qui nous a fait, de sa mémoire.
Le Viel Homme dans le ciel
En filigrane sur cette superbe photo de Rodrigo Guerra, on peut voir le dessin d’une constellation importante pour le peuple Tupi, le Vieil Homme.
Comme on peut le voir cet habitant du ciel était constitué d’une partie de la constellation que nous connaissons bien en Europe sous le nom d’Orion (il apparaît à l’envers dans le ciel austral) prolongé au Taureau et ses fidèles Pléiades (tous deux aussi la tête en bas). Nous voyons Orion face au Taureau et eux, voient un de leur ancêtre, le Vieil Homme. Les brillantes étoiles de la fratrie des Pléiades (aussi appelées par les Grecs, les Sept Sœurs) composeraient les plumes de la huppe qui coiffe sa tête (la tête du Taureau pour nous). Des étoiles d’Orion représenteraient son corps amputé d’une jambe par sa femme, selon la légende. C’est justement l’étoile rouge Bételgeuse qui marquerait la partie mutilée. Le photographe a ajouté au premier plan, sur la terre ferme, une représentation de l’estropié.
En contact avec les Tupinamba en 1612, le missionnaire français Claude d’Abbeville rapporte dans son livre Histoire de la Mission des Pères Capucins en l’Isle de Maragnan et terres circonvoisins publié en 1614, les noms d’une trentaine d’étoiles, planètes et constellations de leurs cosmogonies qu’il a recueillies, précisant toutefois ne pas avoir pu toutes les identifier. « Il y en a fort peu entr’eux qui ne connoise la plupart des astres et estoiles de leur hémisphère et qui ne les appelle par leur nom propre que leurs prédécesseurs ont inuenté et imposé à chacune d’icelles », a-t-il écrit à leur sujet.