Le télescope James-Webb nous dévoile l’intérieur des iconiques « piliers de la création »
Il était évident que le télescope James-Webb allait sonder les entrailles de ces immenses et iconiques colonnes de gaz à l’intérieur de la nébuleuse de l’Aigle (M16), surnommés les « piliers de la création ». « Création », car partout dans ces structures que l’on dirait faites de roches, il y a des étoiles qui couvent. Des embryons de quelques années ou milliers d’années et d’autres, plus développés, que l’on voit clairement scintiller sur les parois de ces falaises de gaz. Sur les parois, mais aussi à l’intérieur, comme si elles étaient translucides. Ce qui est en partie vrai grâce à la vue transperçante dans le proche infrarouge de la caméra NIRCAM de James-Webb.
Nous voyons avec force détails sur cette image que certaines falaises sont plus abimées que d’autres, littéralement laminées par endroit et pas loin de s’effondrer. Mais cela ne se passe pas comme cela, car ces masses sont faites de gaz. Ce qui les bouscule ainsi et les façonne, c’est le rayonnement violent des étoiles massives qui ne sont pas sur cette image. Des étoiles ardentes qui sont nées dans la même région et dont les souffles ultraviolets désagrègent et emportent tout sur leur passage ou presque. Seules les poches de gaz les plus denses résistent encore.
Nous avons donc en même temps sous nos yeux émerveillés des matrices d’étoiles très fécondes qui font face aux forces destructrices de leurs aînées. Mais on peut le voir aussi comme un espace en train de s’ouvrir, déchiré par ces vents violents, avec les rayons de lumière qui chassent les obscurs nuages de poussière. Mais, encore une fois ce qui semble opaque et obscur sont des concentrations de matière brassées dans les bras spiraux des galaxies, et créent les graines d’étoiles. Les compressions au sein des nuages conditionnent l’émergence des étoiles, qui vont fleurir et s’épanouir en grappes.
Des détails époustouflants
Sur cette image merveilleusement détaillée de James-Webb, on découvre une tapisserie complexe de milliers d’étoiles aux couleurs variables, et par endroit un semblant de coulées de lave ou de nuage qui saigne, et qui est en réalité la marque du vent des jeunes progénitures.
Observés dans l’infrarouge, les piliers semblent translucides, dévoilant leurs infrastructures à la différence de la vision dans le visible d’Hubble. On a l’impression qu’ils sont en trois dimensions et que si on pouvait les toucher, on sentirait leur surface granuleuse et abimée par la violence des vents. Ils sont tous, des plus grands aux plus petits, inclinés de la même façon, façonnés et fuselés par ces tempêtes permanentes que crachent les étoiles massives. Le spectacle est fascinant et surtout pour en profiter au maximum, il faut zoomer sur toutes les parties de l’image, étudier chaque détail. Ici, un fragment de pilier décharné et des zones denses sur lesquelles butent le rayonnement, là des péninsules encore solides où affleurent des cocons d’étoiles.
Les « piliers de la création » en haute résolution (152,3 MB)