Mars : Curiosity arrive dans un paysage marqué par de grands changements passés
Le paysage que traverse Curiosity est marqué par une transition qui trahit un changement climatique important dans le passé.
Sur Mars, Perseverance, qui a débarqué il y a plus d’un an maintenant (en février 2021) a raflé la vedette ces derniers temps à Curiosity, astromobile qui arpente les flancs du mont Sharp, au centre du cratère Gale, à des milliers de kilomètres de là. Ce prédécesseur aux caractéristiques équivalentes, arrivé il y a 10 ans déjà (10e anniversaire le 6 août) est un rover qui mène avant tout des enquêtes géologiques sur le passé de Mars. La montagne qu’il gravit doucement, aussi appelée Aeolis Mons, révèle aux chercheurs une histoire vraiment fascinante. Il faut dire que le paysage qu’explore le rover a bien changé depuis les débuts de son ascension en 2014. C’est un paysage à présent différent du début qui témoigne d’une transition ancienne entre un environnement beaucoup plus humide, peuplé de lacs et de rivières, avec un milieu de plus en plus sec où survivent çà et là quelques ruisseaux qui serpentent entre des dunes édifiées par les alizés.
Le mont Sharp est un édifice très stratifié avec une base riche en argile faite des dépôts lacustres produit lorsque Mars était plus chaude, il y a plus de 3,5 milliards d’années. À cette période, la planète n’était pas cette boule rouge que nous voyons aujourd’hui, mais un monde plus bleuté avec des conditions favorables à l’apparition de la vie. Comme l’a montré plusieurs fois Curiosity depuis le début de sa mission, Mars était effectivement habitable, c’est-à-dire qu’elle pouvait abriter de la vie à cette période plus douce. Et cela a duré relativement longtemps (au moins, 1,3 milliard d’années !) Y en a-t-il eu ? Cela nous ne le savons pas encore et, justement, Perseverance a été dépêché dans une région, le cratère Jezero, qui était autrefois l’estuaire d’un fleuve se déversant dans un lac, avec des instruments pour mener l’enquête, pour tenter de le savoir.
Ces dernières semaines, Curiosity avance dans un environnement plus pauvre en argile et plus riche en sulfates. Pour les scientifiques de la mission, l’astromobile découvre les traces inscrites dans le paysage d’un changement climatique important. Les rivières se sont estompées et laissent la place à des dunes façonnées par les vents, des dunes qui se sont ensuite durcies avec le temps. La planète est en train de s’aridifier, de se désertifier pour ressembler de plus en plus à des lieux sur Terre comme le désert de l’Atacama, où s’est installé une humidité très basse.
Bon an mal an, souffrant de quelques aléas techniques (mode sans échec il y a quelques jours, des roues endommagées, etc.) sans grandes conséquences, Curiosity poursuit son bonhomme de chemin sur le mont Sharp, prenant toujours de l’altitude pour aider les géologues et planétologues terriens à écrire le livre de la longue histoire de Mars.