Orion, le Chasseur céleste
Les origines anciennes du Chasseur céleste que les Grecs nommaient Orion.
En sortant les soirs d’hiver, vous remarquerez sans peine Orion dans le ciel en direction du sud, sud-est, marchant parmi la multitude d’étoiles. Il est facile à reconnaître surtout par sa ceinture dessinée avec trois étoiles quasiment équidistantes. À l’est de la constellation, à la suite de ce Géant, il y a l’immanquable et « ardente » Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel. Elle darde ses rayons étincelants dans la gueule du « Grand Chien », nommé par les Grecs, Laelaps. Zeus l’a porté dans le ciel, bien longtemps après que cet animal féroce, dont aucune proie n’échappe, ait protégé Europe à sa demande et avec laquelle il eut Minos. Le « Petit Chien » est là aussi, accompagnant partout, et par tous les temps, le maître de la nuit.
Chasseur, Orion traque ses proies à travers les étoiles poursuivant toujours les insaisissables Pléiades mises dans le ciel par Zeus… Ce n’est qu’à la fin du printemps qu’il se décide à partir, s’enfonçant dans les brumes orangées du crépuscule comme dans des sables mouvants.
Parti le soir pour échapper, dit-on, à la piqure d’un Scorpion géant, le beau Orion réapparaît quelques jours plus tard, au petit matin, entre les doigts roses d’Éôs qui s’était éprise de lui. Celle-ci d’ailleurs rougit encore de ses aventures qu’Apollon avait ébruitées…
Les principales étoiles d’Orion
Comme on l’a vu, Orion se distingue nettement dans le ciel par ses trois étoiles alignées Alnitak, Alnilam et Mintaka, qui composent sa ceinture. Il y a quatre autres étoiles remarquables dans la constellation dont deux particulièrement brillantes : Bételgeuse, au teint orangé sur une épaule — l’autre est marquée par Bellatrix —, et Rigel, joyau étincelant d’un bleu vif qui orne une jambe ou un pied — l’autre jambe est piquetée par Saïph. Le nom de celle-ci vient de « saif al jabbar » qui signifie en langue arabe « l’épée du géant ». Elle marque la pointe de la lame ornée d’une enfilade des « petites » étoiles, entre Saïph et la ceinture.
Qui est Orion dans la mythologie grecque ?
Le mythe de celui que nous appelons toujours Orion, plus de deux millénaires après Homère, Aratos ou encore Érasthostène, n’est pas sans en rappeler d’autres, racontés en Égypte, en Mésopotamie et plus ancien encore. Ainsi, les lueurs du « Chasseur céleste » des Grecs brillent-elles toujours jusqu’à nous sous les habits (la peau ?) d’Orion.
À travers cette histoire, on retrouve les traces de mythes très anciens de chasseur(s) qui pourraient remonter jusqu’au Paléolithique. Une empreinte (entière ou partielle) qui sourd dans les motifs de récits recueillis de l’Afrique à l’Eurasie, jusqu'au continent américain. Autrement dit, un mythe qui accompagne l’Homme depuis au moins douze millénaires.
Ce chasseur passé dans le monde céleste était sans doute vêtu de la peau d’une des créatures monstrueuses et sacrées à qui il ôta la vie, avec la permission de celle qui règne sur tous les êtres de la forêt, la maitresse des animaux. Elle est leur mère, elle peut prendre leur forme et c’est elle qui octroie le gibier aux humains si ces derniers lui ont fait la demande et lui font un cadeau en retour. Elle peut prendre les vies comme elle veut. Cet esprit féminin associé à la terre, insaisissable et irréductible, est devenu plus tard l’Artémis que nous connaissons. Divinité magnifique, pure et redoutable… Redoutée car elle ne manque jamais sa cible.
C’est elle, Artémis « maitresse des animaux », la Chasseresse, qui avait déchainé ses chiens contre le malheureux Actéon parce qu’il avait enfreint un tabou, celui de l’avoir vue nue dans une des sources qu’elle fréquentait. Ainsi, l’infortuné fut-il transformé en cerf et poursuivi jusqu’à la mort par des chiens impitoyables. Quel rapport avec Orion ? C’est aussi pour avoir brisé un tabou que le beau béotien devint la cible de l’insurpassable déesse de la chasse. Elle adorait sa compagnie pourtant et éprouvait toujours du plaisir à partir à la chasse avec lui. Mais le Géant était trop excessif et outrageux, commettant des massacres et atrocités en divers lieux qui offensaient la déesse. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter, il était comme pris de folies et croulait sous les demandes d’intervention. La maitresse des animaux était offensée par son attitude. Lui, Orion, criait partout qu’il était invincible et qu’il battrait certainement Artémis à la chasse.
Il existe plusieurs versions pour la fin d’Orion. Soit c’est Artémis qui lança le dard d’un scorpion gigantesque sur son talon pour arrêter sa fièvre d’extermination, soit c’est Apollon, son frère, qui la défia de transpercer la tête de ce Candaon géant qui marchait dans la mer — ou encore, simplement le point noir dépassant de l’eau à l’horizon (Orion marchait dans la mer). Une ruse du dieu solaire qui ne voulait pas que sa sœur épouse le Chasseur. Il savait qu’il revenait souvent voir Éôs. Évidemment, comme Artémis ne manque jamais sa cible, le béotien fut transpercé par son trait.
La naissance d’Orion
Orion est un enfant de Béotie, que l’on disait né de la semence de Zeus, Poséidon et Hermès déposée dans la peau du taureau que le vieil homme qui les accueillait cette nuit-là, Hyriée, venait de sacrifier. Ce fut le cadeau des dieux pour leur hôte qui souffrait de solitude et rêvait d’avoir un fils.
Le jeune héros se fit vite une réputation de grand chasseur à travers tout son pays et bien au-delà. Devenu très célèbre, on le réclamait sans cesse pour qu’il vienne débarrasser les terres des Hommes des bêtes sauvages. Ainsi la forêt, royaume d’Artémis, était-elle chassée par ce personnage adoré des bergers. Un royaume qui recule sous le joug d’un héros civilisateur.
Orion, beau comme un dieu, aussi grand et puissant qu’Héraclès, était aussi nommé Urion dans l’antiquité grecque. Un nom qui lui vaut encore aujourd’hui d’être interprété comme étant de la même racine qu’uriner. Ses pères divins se seraient ainsi soulagés dans la peau d’un taureau qui fût ensuite enterré, mais il s’agit vraisemblablement d’une erreur. Dans Les Mythes Grecs, l’helléniste Robert Graves indique que son nom descendrait plus de la montagne, Ouros. Par ailleurs, la peau a peut-être était remplie d’eau : « le fait qu’Orion était le fils de Poséidon, le dieu de l’eau, est une allusion transparente à ses pouvoirs de faiseur de pluie » avance le chercheur. Il existe en effet peut-être un lien avec la pluie, car la constellation revient le soir au début de l’automne, et disparait le soir, six mois plus tard, lors de l’autre saison des pluies.