Pin couché sur la roche
Accroché sur ces rochers rouges, sang séché répandu par des volcans disparus, un pin est allongé de tout son long, les racines ensevelies pénétrant jusqu’à l’intérieur des pierres, et à l’opposé les aiguilles tendues vers la lumière.
De là-haut, on a une vue imprenable sur la mer. Beaucoup escaladent tous ces blocs pour venir la contempler et la photographier. Mais lui, ce pin, combien le remarquent ? Cela fait des années qu’il est là couché, qu’il résiste aux vents puissants et incessants, des années que ses racines se glissent dans toutes les interstices, empoignent les rochers, les embrassent et s’y agrippent.
Il est beau ce pin, ainsi allongé, les branches dont les tons peuvent parfois se confondre avec la roche qu’il a épousé. Ils forment un très beau duo, le corps de l’arbre qui s’enlace dans cette lave répandue il y a des millions d’années, sous un autre soleil.
Le corps de l’arbre s’étale, emprisonné pour toujours dans la roche, au sommet d’une falaise sans cesse caresser par les bleus infinis de la mer et du ciel. Occis par le soleil souverain et piétiner par des touristes qui regardent ailleurs. Ils sont beaux ces pins, arrivés là, dans une fente de la roche et qui tendent les muscles, se mettent en équilibre pour endurer tous les tourments.