Réussir sa balade dans la nuit étoilée
Nuits des Étoiles et étoiles filantes sont une occasion de se plonger dans le ciel étoilé et s'émerveiller.
Les Nuits des Étoiles sont une invitation à l’émerveillement, la poésie et à la découverte de la nuit (et aussi de la nature) qui s’adresse à tous. L’événement est programmé le temps d’un week-end (5, 6 et 7 août 2022), avec des rendez-vous donnés par des associations et des clubs d’astronomie à travers toute la France, mais vous pouvez prolonger bien sûr l’exploration du ciel étoilé toutes les autres nuits de l’été et au-delà, même, des vacances et les nuits chaudes du mois d’août.
Pour que ces moments soient réussis (en famille, avec des amis ou seuls), la condition sine qua non est de trouver un lieu calme, paisible, en pleine nature, en montagne ou en plaine, et affecté le moins possible par la pollution lumineuse. Car plus les lumières artificielles seront rares, plus la nuit sera noire. Choisir une nuit sans Lune, ou alors avec une lune en croissant (parce qu’elle part se coucher assez tôt) est encore mieux, car ainsi, vous pourrez plonger votre regard avide et curieux dans les profondeurs de la nuit, d’étoile en étoile, le long du fleuve ample de la Voie lactée, à chercher des étoiles, seules, individuelles, dans ses eaux argentées, ou en petits groupes, grappes célestes accrochées aux eaux laiteuses. Nul besoin d’un instrument (lunette ou télescope) pour contempler le ciel étoilé. Il est bon de se laisser entrainer dans ce flot d’étoiles, suivre les courants, et vagabonder d’une constellation à l’autre, d’apprendre à les connaître et à les déchiffrer.
Voir aussi : Comment trouver la Grande Ourse et l’étoile polaire ?
Songez que toutes ces étoiles que vous voyez — et mieux encore quand vos yeux sont habitués à l’obscurité depuis au moins 15 minutes —, elles appartiennent toutes à notre Galaxie, la Voie lactée. Ce beau et grand fleuve d’étoiles qui traverse le ciel en été n’est autre que notre Galaxie vue de l’intérieur. Toutes ces étoiles que vous voyez, éparpillées de part et d’autre du fleuve de lait (le lait fait référence au mythe grec qui explique son origine), ou massées à l’intérieur, tournoient indiciblement autour du centre galactique, là même où est caché, derrière d’épais nuages de poussière, un trou noir géant, Sagittarius A* (sa masse équivaut à 4 millions de fois celle du Soleil) situé à 26 000 années-lumière de la Terre en direction de la constellation du Sagittaire, c’est-à-dire là, où la Voie lactée s’élargit sur l’horizon sud (pour les observateurs en France métropolitaine). Si vous pouviez marcher dans cette direction sur des milliers de kilomètres, vous verrez alors que ce renflement central continue, puis s’amenuise quand vous êtes entré dans la nuit australe, de l’autre côté de la Terre… La Voie lactée traverse le ciel austral et boréal et c’est autour du Sagittaire et la queue du Scorpion que s’enlace son centre boursouflé. C’est notre Galaxie vue par la tranche. Et tout le reste du ciel est peuplé par des étoiles au-dessus et en dessous du plan de la Galaxie. Nous, la Terre, nous voyageons autour d’une étoile, le Soleil, une parmi 300 à 400 milliards d’autres. Dans le ciel terrestre, été comme hiver, nous n’en voyons qu’une infime partie, ce qui est près de nous, dans notre voisinage. Certaines sont trop petites, trop faibles pour qu’on les remarque même si elles sont très proches (Proxima du Centaure, par exemple), tandis que d’autres, bien que très éloignées, brillent comme un phare dans la nuit.
Il est bon d’embrasser le ciel étoilé tout entier, allongé dans l’herbe ou sur un rocher encore chaud du Soleil ardent de la journée, de vagabonder, errer et méditer sur tout ce que l’on voit, cheminer d’un astre étincelant à l’autre, à d’autres qui font comme des taches laiteuses, indistinctes, d’on ne sait quoi. Il y a des tas de curiosités, partout nichées dans la nuit épaisse, claire ou mystérieuse, il y a des satellites qui passent, brillent dans la moitié du ciel puis s’effacent. Tout ce que l’on voit n’est qu’une partie d’une immensité. Des milliards d’autres étoiles se cachent, derrière des nuages noirs, derrière des nuages d’étoiles, et des galaxies il y en a à perte de vue, mais seule une poignée est visible à l’œil nu depuis la Terre : la Galaxie d’Andromède, les Grand et Petit Nuage de Magellan… Tout cela, nous le savons depuis un siècle à peine. Et pour en apprendre plus, il nous faut des yeux de géants comme ceux de Hubble et maintenant du télescope spatial James-Webb.
Une période riche d’étoiles filantes, les Perséides
L’été, étendu dans une prairie aux herbes desséchées par le soleil brulant, vous verrez aussi que le ciel n’est pas habité que par des étoiles. Il y a des satellites artificiels qui filent droit, il y a des planètes qu’on reconnait parce qu’elles ne scintillent pas, et visibles aussi à l’œil nu, et des étincelles, ce qui s’appelle des étoiles filantes, flèches rapides de lumière qui pénètrent la nuit. Les plus brillantes et nombreuses que l’on voit en août sont les Perséides. Leur nom vient de la présence du radiant dans la constellation de Persée, qui s’élève dans le ciel après minuit. C’est un essaim météoritique. Ces étoiles filantes sont des micrométéorites, des débris laissés dans le sillage d’une comète, Swift-Tuttle, qui coupe l’orbite de la Terre tous les 133 ans, délestant à chaque fois de la matière de sa surface et de ses entrailles en train de fondre à l’approche du Soleil. Il y a des milliards de débris et notre Planète traverse cette nuée chaque année, entre le 17 juillet et le 22 août. C’est quand nous arrivons dans la partie la plus dense de ce torrent que l’activité des Perséides culmine, à chaque fois au cours des nuits du 12 et 13 août. C’est toujours merveilleux de les voir. Dans les meilleures conditions, il est possible d’en voir une centaine par heure. Mais cette année, en 2022, ce sera malheureusement compromis par la Lune qui sera pleine, donc tellement brillante et débordante de la lumière du Soleil qu’elle réfléchit, qu’il sera impossible de voir tout ce qui habite la nuit terrestre (par contre, vous verrez mieux votre chemin). Au lieu d’une multitude d’étoiles filantes, brillantes ou faibles, c’est 10 à 20 météores que vous pourrez voir ces nuits-là. Les plus éclatants. C’est déjà pas mal. Mais moins que par une nuit noire, sans Lune. Mais ce n’est pas très grave. Car des Perséides il y en aura quand même cette année, vous pourrez les surprendre dans leurs chutes vertigineuses dans l’atmosphère chaque nuit avant leur pic d’activité, et après. Vous pouvez vous immerger dans la nuit étoilée, à l’affût de ce qui surgit dans le ciel, et de ce qui bouge autour de vous, des vivants qui l’habitent. À chaque fois, le spectacle est infini et plein de surprises.