Télescope spatial Webb : retour en images sur son lancement réussi
Pour celles et ceux qui étaient sur une autre planète le week-end dernier, ou réfugié sur une île sans internet ni aucun média pendant Noël, ça y est : le télescope spatial James Webb a enfin décollé ! Le vol à bord du lanceur Ariane 5 s’est « très bien passé », le JWST a pu être injecté sur la trajectoire qui le mène à présent jusqu’au point de Lagrange L2, à 1,5 million de kilomètres de la Terre, conformément à ce qui était prévu.
Tout se passe bien pour l’instant, le plus grand télescope spatial jamais construit a déployé avec succès ses panneaux solaires, son antenne à haut gain et cela se poursuit durant son voyage de plusieurs jours, avec son bouclier thermique, son pare-soleil, son miroir. Si tout va bien, la NASA recevra les premières images dans quelques mois, et il sera pleinement opérationnel pour ses activités scientifiques dans 6 mois, soit vers juin 2022.
Les astronomes et, bien sûr, les quelque 10 000 personnes qui ont contribué de près ou de loin à sa conception depuis 30 ans ont retenu leur souffle le 25 décembre, jour J choisi pour son envol. C’était un moment attendu depuis de si longues années, et voilà, enfin, après de multiples reports pour des raisons techniques, la menace d’un abandon pour raison de budget colossal continuant de s’alourdir (près de 10 milliards de dollars au total), de nombreux changements de dates de son lancement…, le télescope spatial James Webb est parti et va bientôt ouvrir son œil immense (et allumer ses instruments sensibles à l’infrarouge).
Sonder les confins de l'Univers
Fleuron des technologies humaines, il est le nouveau titan de la NASA, laquelle avait commencé à travailler dessus à la fin des années 1980 dans la perspective de succéder à Hubble. Souvent présenté comme le successeur de ce dernier, le JWST ne va pas vraiment regarder l’Univers de la même façon. Point de sensibilité au visible ou à l’ultraviolet en effet, mais exclusivement des yeux pour l’infrarouge. Néanmoins, à l’instar de son prédécesseur, il est « généraliste », ce qui signifie qu’il va observer des objets cosmiques de tout type : aussi bien des exoplanètes, des nébuleuses que des galaxies, avec quand même une prédilection pour les confins de l’Univers, histoire de sonder l’obscurité qui entoure encore notre connaissance de ce qui s’est passé peu de temps après le Big Bang… Les astronomes ont très envie de comprendre ce qu’il s’est tramé durant la naissance des premières étoiles, et ensuite des premières galaxies. C’est pourquoi ils sont vraiment impatients que le Webb soit opérationnel. Hubble est limité, lui, à quelque 12, 5 milliards d’années-lumière, le Webb dépassera cet horizon pour nous offrir des aperçus du cosmos quand il n’avait encore que 200 ou 300 millions d’années ! Et ce avec une résolution et une sensibilité très supérieure. Ce qu’il va nous dévoiler révolutionnera nos connaissances sur l’Univers. Et aussi, plus près de nous, dans la Voie lactée, il livrera des secrets sur les autres mondes que nous découvrons par centaines, sur des exoterres potentiellement habitables et qui abritent peut-être bien de la vie.
« La promesse de Webb n'est pas ce que nous savons que nous découvrirons, c'est ce que nous n'avons pas encore compris ou ce que nous n'avons pas encore sonder dans notre univers. J'ai hâte de voir ce qu'il va découvrir ! » Bill Nelson, administrateur de la NASA.
Go Webb, Go ! Encore un peu de patience avant que sa « vue » ne perce — et transperce les nuages opaques qui entourent les embryons planétaires ou les cocons des premières étoiles — des mystères que l’Univers nous cache encore.